Plongé.e.s dans un demi sommeil,
on traverse 
des paysages 
et des visages. 
C’est une nature où le vent souffle, 
le sol fleuri, se fait tapis ; 
mais les pierres anguleuses
peuvent devenir obstacles, 
les méandres de l’eau 
ou l’architecture
se faire menace. 

Qu’importe.

Ce qui jaillit (ce qui surgit)
c’est la force de vie, 
c’est le « regarde moi comme je suis
et comme je vis 
Je suis venue à deux reprises (en 2023 et 2024) partager le quotidien d’un groupe de femmes  
en situation de handicap et leurs accompagnant.e.s / éducateurs. trices / soignant.e.s. au «Saint Georg Institut» de Essen en Allemagne.
J’ai pu librement déambuler dans le centre pour passer du temps dans les ateliers de travail.
Nous sommes aussi sorti.e.s explorer ensemble les lieux naturels aux alentours (anciens sites
miniers reconvertis en parcs naturels), et j’ai aimé faire place à la nature pour la laisser parler du corps en creux, des obstacles et du corps empêché, ou de la sensualité qui accompagne le geste d’une caresse. J’ai choisi de ne pas montrer de manière frontale la vie dans le centre et la manière dont les personnes vivent avec leur handicap. Mais d’avantage de célébrer l’élan de vie et la détermination, leur singularité. Leur désir de liberté et d’indépendance et comme ielles aspirent
à être touchées, regardé.es, aimé.es.
Au delà du handicap, et même avant le handicap, il y a une personne, dans toute sa singularité
et son altérité. Et la photographie ici, devient presque prétexte à la rencontre. 
M. aime beaucoup les couleurs et nomme toutes les couleurs qui lui passent devant les yeux ;
c’est à travers son regard que je me mets à revoir les couleurs comme de véritables expériences esthétiques.
A. s’est fait tatouer une rose en cachette de son père, avec la complicité de sa mère. Elle répond à son corps souffrant (elle lutte chaque jour contre ses membres qui se rétractent) avec un acte poétique et fort.
L. ne lâche pas la photographie de sa mère et répète qu’elle veut rentrer à la maison. Et quand A. se dresse hors de son fauteuil, se tient debout avec sa faim de vivre et d’aimer qu’elle offre au paysage, je suis émue.
J. accepte de s’allonger dans le parterre de fleurs.
Elles l’accueillent et caressent sa peau. Elle ferme les yeux.
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